Bordeaux Aquitaine Marine

Le réchauffement climatique : l’expédition au Pôle Nord - 1818

Extrait d’une lettre de l’un des membres de l’expédition britannique envoyée en 1818, explorer le détroit de Davis (nos experts du GIEC devraient la lire...). Extrait des Annales Maritimes et Coloniales – 1818 p384. Copenhague; 27 Mai 1818. « avez-vous lu dans la gazette de Berlin que quatre cent cinquante milles carrés de glaces viennent de quitter la côte orientale du Groënland et les régions plus voisines du pôle. C'est cette glace qui, depuis quatre cents ans, a rendu cette province danoise, d'abord de difficile accès, puis inabordable, jusqu'à faire douter enfin de son existence. Mais,depuis 1786, tous les pêcheurs de baleines n'ont cessé de nous peler des changemens qui se sont faits dans ces mers polaires. Il y a maintenant tant de glaces parties, il y a de si grands canaux entre celles qui restent encore, qu'on a pu pénétrer sans obstacle jusqu'au 83e degré. Toutes les mers du nord sont remplies d'îles de glace, la plupart unies. Une de ces îles flottantes avait une telle étendue, qu'on a été trois jours à la côtoyer ; quelques-unes forment des masses qui sortent de cent cinquante pieds hors de l'eau; un paquebot d'Halifax en a rencontré une de deux cents pieds d'élévation et d'un demi-mille de circonférence, qui flottait dans une latitude plus méridionale que celle de Londres. Cette débâcle du pôle coïncide avec de continuelles tempêtes de sud-est, accompagnées de chaleurs, de pluies d'orages, et d'un état très- électrique de l’atmosphère ; ce qui depuis trois ans nous a donné des hivers chauds et des étés froids et humides, accompagnés de fréquens orages. Par exempte, en Danemarck, nous n'avons depuis deux mois et demi qu’une alternative de chaleurs, de pluie, de grêle et de calme. Avant-hier, nous eûmes cinq fois de la grêle, suivie de, calme plat. Ce sont sans doute ces immenses glaçons venus du pôle qui nous ont donné des étés humides et froids; mais à présent, notre pauvre Groënland va nous revenir, et votre chère Islande, où depuis guerre cents ans, tous les arbres ont disparu, va reprendra de la vie; les glaces en avaient fait un continent, en la joignant au Groënland et Spitzberg, de manière que des armées d'ours blancs vinrent les attaquer, et qu'il fallut des armées d'hommes pour les combattre. Nous allons savoir si la baie de Baffin ne deviendra pas la route de l'Asie, et de la Chine, et si le pôle même ne sera pas accessible. Quelques-uns de nos marins craignent que la glace ne se fixe sur les côtes de l'Amérique occidentale ; mais, tant que le vent nord-est souffle (comme il, le fait encore), les glaçons iront se perdre dans les mers du sud. J'oubliais de vous dire que quelques-unes de ces îles charriaient des rochers et des troncs d'arbres. »
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